[One Shot] by Naho

Il marchait dans la ruelle, mais dans les poches, réfléchissant à ce qui lui arrivait depuis quelques temps. La nuit était encore jeune, mais les rues étaient presque vide. Peut-être que le froid avait fait fuir les passants. Mais ce n’était pas son cas. Il préférait cent fois mieux être à l’extérieur avec ce froid que chez lui à côtoyer les autres. Pour l’instant, il avait trop besoin de solitude pour passer du temps avec eux. Bien sûr, ça faisait chier les autres, mais ils ne pouvait pas comprendre ce qu’il vivait. Si seulement il pouvait lui parler, lui dire ce qu’il pensait de tout ça. Ça serait beaucoup plus simple. Mais le courage n’y était pas. Il avait peur du refus que ça occasionnerait. Normal. Ce n’est pas tout le monde qui accepte facilement qu’une personne du même sexe soit attirer par vous.
Il secoua légèrement la tête avant de tourner au coin de la ruelle. Il fit quelques pas dans la rue principale avant de s’arrêter pour relever les yeux. Ici aussi c’était vraiment tranquille. Seul quelques passant hâtif de rentrer chez eux. Il y avait aussi cet homme assit un peu plus loin sur le trottoir, une simple couverture sur le corps pour se réchauffer. C’était comme ça un peu partout dans ce coin de la ville. Les gens n’y étaient pas très riche. Et c’est pourquoi il aimait bien venir ici. Ça le changeait de l’endroit où il habitait, de la vie qu’il menait. Il s’approcha de l’homme avant de faire un léger sourire à celui-ci.

- Vous avez de la monnaie pour un café, demanda celui-ci.
- Je crois bien que oui.

Il fit un petit sourire amusé avant de sortir un billet de ses poches pour le tendre à l’homme. Celui-ci leva les yeux surpris par autant d’argent.

- Mais…
- Ça vous servira pour plusieurs café et peut-être même un bon repas au chaud.
- Merci beaucoup jeune homme. Je suis certain qu’un jour ce que vous venez de m’offrir vous sera rendu.

Il fit un petit sourire amusé avant de faire un signe de tête à l’homme en s’éloignant. Une fois de plus, il avait été généreux, mais il savait très bien que cet homme n’irait même pas prendre un simple café avec cet argent. Comme la plupart des clochards, il se résignerait à une bonne bouteille d’alcool. Il marcha ainsi encore quelques minutes avant de finalement se résigner à rentrer chez lui. De toute façon, il devait se lever tôt demain pour leur répétition. Il coupa donc dans quelques ruelles avant d’arriver au centre-ville. Il poussa un long soupir et siffla un taxi avant de s’engouffrer à l’intérieur. Il mentionna l’adresse au chauffeur avant de s’appuyer contre le siège. Une nouvelle fois il allait devoir croiser son regard, sentir sa présence pas très loin de lui, tourner en rond dans son lit en sachant que celui-ci se trouve de l’autre côté du mûr. Encore le même calvaire qu’il vivait depuis quelques semaines déjà.
Le taxi s’arrêta bientôt devant l’immeuble morne qui s’élevait devant lui. Il paya sa course avant de descendre de la voiture. Il s’arrêta d’abord quelques instants devant la porte, réfléchissant à ce qu’il pourrait bien faire pour enfin réussir à être en paix avec lui. Il poussa un court soupir avant de finalement pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Il monta les quelques escaliers qui menait au studio où il habitait. Une fois devant la porte, il prit une grande inspiration et poussa celle-ci. À peine avait-il poser le pied à l’intérieur que sa voix s’éleva.

- Tu parles d’une idée d’aller marcher dans une telle température. Tu dois avoir froid. Enlève ton manteau pendant que je te prépare un bon chocolat.
- Non, ça va. J’ai pas froid.
- Ne dis pas de sottises. Il fait un froid de canard à l’extérieur.
- Je t’ai dit que j’avais pas froid Shou. Pas besoin de chocolat, lui dit-il sur un ton un peu plus haut.

Celui-ci leva des yeux surpris vers lui avant d’hocher la tête.

- Comme tu veux. Mais ne viens pas te plaindre par la suite parce que tu as attraper froid.

Il poussa un soupir en regardant Shou s’éloigner dans le couloir. Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours qu’il soit aussi agressif avec lui ? Il lui avait seulement proposé un chocolat. Ce n’est tout de même pas la fin du monde. Il secoua doucement la tête avant de retirer son manteau pour le déposer sur le crochet de la paterne. Il se dirigea vers le salon pour y trouver Shou assit dans le canapé. Il haussa un sourcil remarquant que les autres n’était pas là.

- Où sont passé les trois autres ?
- Ils sont sortis.
- Tu n’es pas sortit avec eux ?
- J’en avais pas envie.

Il poussa un soupir silencieux avant de se laisser tomber sur le canapé tout près de Shou. Une fois de plus, son cœur se mit à battre un peu plus vite. Tout ça à cause de la proximité de son corps. Pourquoi fallait-il qu’il soit tant attirer par lui ? Il avait toutes les filles qu’il voulait, mais aucune d’entre elles ne pouvait faire battre son cœur autant que lui. Seul le fait de le voir ou de sentir son doux parfum, d’entendre le son de sa voix ou de frôler un soit tant peu sa main, faisait battre son cœur à une vitesse folle. Il savait parfaitement que c’était parce qu’il était amoureux, mais il préférait le nier.

- Est-ce que ça va, demanda Shou en posant sa main sur sa cuisse.

Son regard se posa sur la main de celui-ci avant qu’il ne lève les yeux vers Shou.

- Tout va très bien.

C’était un pur mensonge, mais il préférait se taire. Déjà que la main de Shou ne l’aidait vraiment pas à rester calme en ce moment. Mais pour faire le combler de son malheur, celle-ci remonta légèrement le long de sa cuisse, faisant battre son cœur encore plus fort.

- Tu es certain ? Parce que depuis quelques temps, je trouve que tu as changer.
- Ce n’est rien du tout… Seulement une mauvaise passe.
- S’il y avait quelque chose tu m’en parlerais n’est-ce pas ?

Ça serait difficile de lui en parler en ce moment. Surtout avec cette main qui troublait carrément son esprit.

- Euh… Oui bien sûr.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Shou.

- Tant mieux.

Il fit un léger sourire avant de poser son regard de nouveau sur cette main. C’était difficile de se retenir pour ne pas tout lui dévoiler. Lui expliquer que depuis quelques semaines il ne rêvait que de lui. Qu’il passait ses journées à espérer qu’un jour il pourrait être auprès de lui. Qu’il le désirait à un point tel que ça lui faisait mal de seulement croiser son regard.

- Tu pourrais retirer ta main ?
- Pourquoi ? Elle te dérange ?
- Oui, un peu.

Shou retira sa main en fronçant les sourcils. Il poussa un soupir de soulagement avant de porter son regard sur celui-ci.

- Merci.
- Mais qu’est-ce qui se passe avec toi ? On dirait qu’à chaque fois que je tente de faire quelque chose, tu me repousse ?

Il resta surpris par les paroles de Shou. Comment ça il le repoussait ?

- À chaque fois que j’essaie d’être gentil avec toi, tu me renvoie bouler avec un ton froid.
- Je comprend pas ce que tu veux dire.
- Tu sais, si tu me déteste, tu peux le dire tout de suite.

Shou baissa la tête en soupirant. Le détester ? Mais comment pourrait-il le détester alors qu’il l’aimait plus que tout !

- Je ne te déteste pas du tout Shou, au contraire.

Shou releva la tête en laissant un faible sourire apparaître sur ses lèvres. Qu’est-ce qu’il aimait voir ce genre de sourire sur ses lèvres ! Surtout quand ces sourires lui était destiné.

- Alors pourquoi tu fais tout ça ?

Il baissa la tête en soupirant de nouveau. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui dire pour lui expliquer ? Tu sais Shou, je suis amoureux de toi. Non, ça faisait un peu trop cliché comme explications. Et de toute façon, ne sachant pas quelle serait sa réaction, valait mieux se taire sur ses sentiments.

- C’est trop compliqué à expliqué.
- Peut-être que moi je pourrais comprendre quand même.

Il leva les yeux vers Shou qui souriant tendrement.

- Ça m’étonnerait beaucoup.
- Si tu essaie pas, tu pourras pas le savoir.

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Il avait pas tort en fait. Peut-être que s’il lui disait tout ça lui permettrait enfin d’être libre. De respirer de nouveau normalement. Peut-être que Shou lui répondrait négativement, mais au moins, il aura eu le courage de tout lui dire. Il baissa la tête avant de finalement ouvrir la bouche.

- Je veux pas que tu m’en veule, mais ce que je vais te dire est très délicat.
- Ne t’inquiètes pas, je pourrais jamais t’en vouloir.

Il ferma les yeux en souriant doucement.

- Depuis quelques temps, je suis tombé amoureux de quelqu’un.
- Vraiment ? C’est merveilleux pour toi.

La voix de Shou semblait légèrement avoir changée. Il leva les yeux vers lui, remarquant que la petite étincelle qui habitait son regard avait complètement disparue. C’est étrange quand même.

- Oui. Je suis tombé amoureux d’une personne vraiment fantastique.
- Elle en a de la chance cette personne.
- Peut-être bien. Sauf que je ne sais pas si elle, elle ressent quelque chose pour moi.
- Tu lui en as parler ?
- C’est ce que j’essaie de faire depuis quelques minutes, mais tu ne cesse de me couper la parole.

Shou fronça légèrement les sourcils, alors qu’un sourire se dessinait sur ses lèvres.

- C’est de toi dont je suis amoureux Shou.

Shou resta silencieux, baissant légèrement la tête. Et voilà, au moins maintenant il le savait. Peu importe ce qu’il lui répondrait, le pire était fait.

- Désolé de t’avoir déclarer ça ainsi.
- Non, ça va. Je comprend finalement pourquoi tu agissais ainsi avec moi.

Shou releva la tête en laissant un sourire apparaître sur ses lèvres.

- Et si tu regarde bien de ton côté aussi, tu comprendra pourquoi j’essayais d’être gentil avec toi moi aussi.

Il haussa un sourcil, plongeant son regard dans celui de Shou.

- Pourquoi tu faisais ça toi ?

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Shou.

- La réponse est pourtant simple.

Il n’était pas très certain de comprendre, mais lorsque Shou approcha son visage du sien et que ses lèvres frôlèrent les siennes, la réponse lui fut plus qu’évidente. Lui aussi il ressentait quelque chose pour lui. Son cœur fit un bond énorme dans sa poitrine à cette constatation et il s’empara des lèvres de Shou. Lui qui avait peur de déclarer sa flamme, voilà que maintenant il pouvait se traiter d’idiot. Il avait eu sous les yeux quelqu’un qui l’aimait tout autant que lui, sans vraiment le comprendre. Il mit fin au baiser après quelques instants à bout de souffle. Il plongea son regard dans celui de Shou en souriant légèrement.

- Je t’aime.
- Je t’aime aussi.